V12 Colombo, la Daytona du pauvre

1.Mes parents m’ont tapé dehors à 9 ans. J’ai passé ma jeunesse dans des pensionnats rudes et peu recommandables.La fondation du baron Empain par exemple, nazi belge habilement reconverti, qui proposait un programme énergique pour éduquer les jeunes âmes aux sports, aux arts et lettres et à la mauvaise cuisine.L’entrainement était quotidien et lourd. Ce […]

1.Mes parents m’ont tapé dehors à 9 ans.

J’ai passé ma jeunesse dans des pensionnats rudes et peu recommandables.
La fondation du baron Empain par exemple, nazi belge habilement reconverti, qui proposait un programme énergique pour éduquer les jeunes âmes aux sports, aux arts et lettres et à la mauvaise cuisine.
L’entrainement était quotidien et lourd. Ce programme manquait de mère et de femme en général, cela ne vous envoie pas dans les bons tuyaux.
Ensuite, mon daddy, tyran ménager, pris la relève, me concocta un programme surprenant, étude en Hollande pour mes quatorze ans , chez les Maristes.
Ne cherchez pas, c’est des sérieux,  en comparaison les Jésuites sont des guimauves
Le Mariste à la main lourde, d’autant que j’étais à la maison mère mondiale,pour montrer l’exemple,dans la belle ville de Nimègue.

Ce qui ne vous tue pas vous rends plus fort, j’ai rapidement atteint les sommets.

 Jean, le daddy en question, estimant que j’avais résisté 10 ans à l’épreuve du feu, dont je vous ai fait très court résumé, me proposa un marché que je ne supputais pas encore de dupe.
J’avais mon bac en main, ma guitare aussi, mais restais piéton car la guitare ne payait pas.

Donc, Jean, enthousiasmé par ma résistance dont il se pensait forgeron, eu l’idée saugrenue de me missionner pour couvrir la famille de diplôme.
Elle en avait bien besoin en effet.

Le deal était le suivant :
Il choisirait les études et le diplôme à rapatrier et selon le marché conclu, moi, la voiture qui m’amènerait au lieu d’instruction.
Choix second fût rapidement fait, une Austin Healey , la MK3 3000cc , six cylindres

Je fus dirigé, dans un premier temps par les transports en commun, vers un établissement ou la mensa était la règle.
On y parlait mathématique.
Aussi brillant que j’eusse été, je dois bien admettre m’être englué dans cette instruction abstraite, mais une Austin Healey magnifie les ambitions.
Mon contrat était quoiqu’il en soit respecté, j’étais présent sur les bancs, les oreilles et les yeux grands ouverts, j’attendais donc le cabriolet Anglais.

Mais voilà, dans un retournement digne des tragédies les plus déchirantes,ou des contes pour enfants qui souvent sont encore plus terrifiant,  le carrosse promis se transforma en Fiat 600.
Un Fiat 600, à 2500 francs belges ( Diviser par 40, vous êtes en Euros).

Trahi par mon sang, le contrat était rompu, je changeai de plan de carrière et devins monteur de pneu …

LL

2. Monteur de pneu, à 20 ans …

Nous sommes mal engagés,  MAIS … la vie souris toujours aux audacieux fussent-ils des crétins.
Mon patron (le seul que je n’ai jamais eu) était un passionné absolu de Ferrari, cela allait changer ma vie.

Il avait une Ferrari Daytona, avec laquelle il m’a amené voir tout les grand prix de F1 en Europe, Monza, Montjuic, Nurburg , Goodwood etc …., j’ai fait 30 000 bornes dans cette caisse.

Je fus rapidement nommé spécialiste des géométries en son entreprise et comme il était un des sous-traitant de l’importateur Belge, le garage Francorchamps, dirigé par Monsieur Swater, quelques opportunités se sont dégagées.
Les belles Italiennes sont le quotidien des gens fortunés et en Belgique, sa rend les choses faciles, l’argent pousse aux arbres.

Moi, je n’avais pas encore de jardin, mais je compris très rapidement les avantages de ma mission.

Une géométrie de Ferrari, ce n’est pas évident avec le matériel de l’époque, mais le gain pour l’intervenant, est qu’il reste légitime à des essais routier de la voiture réglée.

A vingt ans, je roulais dans tout, Daytona, BB, 365 GTC4 , 275GTB , Dino 246 ET 308 gt4 …

Un seul problème, comme toujours,  de taille,  rien n’était à moi ..

J’ai cependant vite compris que les seules mathématiques qui compte vraiment s’expriment en espèces et en tva dissimulée.
Le rapport honnêteté, probité est anti-proportionnel à la cylindrée du vaisseau convoité.

Donc et j’y viens enfin, après quelques années d’apprentissage en magouilles diverses je pus m’offrir, à 27 ans mon premier V12
Bon , je vous l’accorde, la moins chère de toute, la plus décriée, une FERRARI 400 automatique.

Je la gardai quelques mois, et quand vint frapper à ma porte une nouvelle famine elle fut revendue dans l’attente de jours meilleurs.


3. 43 ans après, j’ai trouvé, la pièce rare …

Une 400 carbu boite méca de la même couleur que celle de ma jeunesse.
Mais attention, celle-çi, c’est la trouvaille absolue.

Cette version carbu boite méca, il y en a moins de 148 de construites, 450 en comptabilisant les modèles injection.

Néanmoins, avec Ferrari on ne peut jamais exactement savoir, il y a double billetterie c’est absolument certain, quelques mafieux doivent avoir reçu leur véhicule contre services occultes et ne sont plus dans le carnet de compte d’Enzo.

La où j’ai frappé fort, c’est que le véhicule arrivé en Janvier 2023 dans mon atelier appartenait depuis 25 ans à un médecin Italien de Codogno, petit village connu pour un nombre impressionnant
de décès durant les mois durs de l’épidémie Covid.

Codogno est à coté de Maranello.

Ce véhicule n’a jamais été garé plus loin qu’a 100 kilomètres de son endroit de naissance.
Il a été entretenu, tout le long de sa vie, par le garage AUTOFFICINA EUROPA a 139 kilomètres de l’usine de production.
Ce n’est pas la concession de Cannes pour qui changer le liquide de lave-glace est déjà mission ardue..

Impossible de trouver mieux et plus authentique, celui qui me l’achètera devra se lâcher …. Famine ou pas…
Dans les mois qui viennent, je vais m’occuper de la faire ronfler comme au premier jour.

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